Tribune "Non à la médicalisation de l'excision"

Merci aux co-rédacteurs et premiers signataires de la tribune collective "Non à la médicalisation de l'excision", pour leur soutien et leur engagement. Le texte a été publié le 27 février dans la rubrique "Débats & idées" du journal Le Monde : https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/27/le-recul-de-l-excision-est-menace-par-la-progression-de-sa-medicalisation_6218781_3232.html

Co-rédacteurs : Sarah Abramowicz, gynécologue-obstétricienne, Réparons l'Excision, Diaryatou Bah, fondatrice d’Espoirs et combats de femmes, Pierre Foldes, chirurgien-urologue, président de Corps et Âme, Arnaud Gallais, président de Mouv’Enfants, Isabelle Gilette-Faye, directrice générale de la Fédération GAMS, Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne et fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis, Danielle Merian, avocate, présidente de SOS Africaines en Danger, Louis Guinamard, journaliste et militant, Grégoire Roquette, enseignant militant à Espoirs et combats de femmes, Moïra Sauvage, journaliste et militante.



Non à la médication de l'excision !

L'excision, pratiquée dans une trentaine de pays en Afrique et en Asie touche actuellement plus de 200 millions de filles et de femmes dans le monde. Pratiquée depuis plusieurs millénaires, l’excision est, depuis un siècle, de plus en plus dénoncée et combattue en raison de son impact sur la santé physique, psychologique et sexuelle des femmes, et du schéma patriarcal dans lequel elle s’intègre. Depuis 1990 le risque pour une fille de subir des mutilations sexuelles a été divisé par trois selon l’ONU qui se félicite des succès des campagnes de prévention. C'est une bonne nouvelle.

Hélas, le recul de cette pratique est menacé par la progression de sa « médicalisation », c’est-à-dire un recours aux professionnels de santé plutôt qu'aux praticiens « traditionnels », au nom de l’asepsie, de l'hygiène, et de la suppression de la douleur. Si les populations concernées voient cette implication de médecins comme un progrès et une meilleure maîtrise des risques, de nombreuses organisations militantes la jugent alarmante. Car les arguments sanitaires, qui ont été essentiels pour persuader des communautés de renoncer à cette pratique, perdent de leur puissance. Ainsi, en Égypte et en Indonésie, plus de 80 % des mutilations sexuelles féminines sont « médicalisées », mais le nombre de victimes reste stable depuis des décennies autour 90 % des femmes de ces pays.

La médicalisation est une forme d’excision qui se veut masquée ou réduite, alors que les séquelles, comme le traumatisme et les difficultés sexuelles des victimes, persistent. En outre ces dernières, n’ayant pas de cicatrice, risquent de ne pas être crues et déclarées à tort comme « non excisées ». Enfin, sur le plan éthique, utiliser des compétences et un statut de professionnel de la santé pour perpétuer une pratique considérée comme une violation des droits humains est inacceptable.

Si les mutilations sexuelles féminines ne sont pas pratiquées en France, cela ne signifie pas que nous ne sommes pas concernés. De nombreuses fillettes originaires de pays où ces pratiques sont répandues risquent d’y être confrontées lorsqu’elles y sont ramenées par leurs parents à l'occasion de vacances. Cela démontre la nécessité d'une lutte au niveau mondial, et pas seulement dans les pays concernés. En France, environ 125.000 femmes résidentes ont subi des mutilations sexuelles. Il est par conséquent crucial de renforcer les mesures de protection maternelle et infantile envers les filles originaires des pays concernés risquant de subir ces pratiques dans leurs pays.

La perpétuation des mutilations sexuelles féminines s’explique par leur perception en tant que « norme sociale » dont l’effet est prescriptif, voire contraignant, sur les individus. Leur abandon passe donc par des campagnes de communication et de sensibilisation ambitieuses visant à provoquer des changements d’opinions. Il n’y a pas de fatalité, et des tendances encourageantes ont été observées même pour une pratique aussi ancienne et répandue. Par exemple au Burkina Faso où près des trois quarts des femmes ont subi des mutilations sexuelles, moins de 10 % de la population s’y déclare encore favorable, selon l’UNICEF. Un tel décalage entre l’ampleur de ces pratiques dans un pays, et leur rejet par la population de ce même pays, indique une évolution rapide des mentalités.

Mais le chemin vers leur éradication complète dans le monde est encore long et se heurte à des résistances locales justifiées par des raisons traditionnelles, religieuses, et même « morales ». Car les mutilations sexuelles féminines sont parfois défendues comme une mesure de préservation de la virginité et de la chasteté. Alors que la médicalisation est encore trop souvent considérée comme une alternative à l’abandon de ces pratiques, il est plus que jamais essentiel de rester mobilisés.


 

Les 150 premiers signataires : 

1 Sarah Abramowicz gynécologue-obstétricienne, association Réparons l'Excision
2 Noël Agossa président de l'association des familles victimes de féminicides (AFVF)
3 Eliane Aïssi-Yehouessi enseignante retraitée de l'Université de Lille, fondatrice de la RIFEN, administratrice de la Fédération nationale GAMS
4 Nadia Al Fani présidente Laïques sans frontière
5 Nathalie André Collectif à l’Egalite, déléguée Renaissance sur la 4ème circonscription du Nord
6 Lionel Audigier président de BifurK Consult
7 Bouchera Azzouz  présidente de l'association Les Ateliers du Féminisme Populaire
8 Fatou Ba présidente de l'association Espoirs et combats de femmes
9 Saran Bah Miss Guinée
10 Karine Bague référente familles et violence conjugales, ARCHIPELIA
11 Awa Ba auteure, présidente association EFAPO
12 Diaryatou Bah fondatrice de l'association Espoirs et combats de femmes
13 Hassatou Baldé vice-présidente de l'association DialoguesF
14 Mamadou Balde comptable et militant
15 Thierno Balde fundraiser/community leader/directeur d'association humanitaire
16 Martine Barondeau  
17 Fatoumata Diaraye interprète
18 Mathilde Barthès référent Place Publique Paris
19 Yasmina Baziz maire-adjointe
20 Olivier Belbéoch démographe, agrégé de géographie
21 Lionel Benharous maire des Lilas
22 Marie Berto comédienne
23 Christine Beynis infirmière retraitée, administratrice de la Fédération nationale GAMS
24 Marie Bonvarlet coodinatrice de projets
25 Anne Marie Bordenave retraitée enseignement
26 Martin Bussy maire adjoint, mairie de Paris 20ème
27 Claire Cabanel association Espoirs et combats de femmes
28 Catherine Cabrol photographe
29 Elodie Casanova maire adjointe chargée de la petite enfance et de l'assemblée de quartier des Bas Pays
30 Muriel Causy directrice adjointe du CIDFF du Maine et Loire
31 Marie Charoy documentaliste retraitée
32 Tassadit Chergou conseillère municipale, Romainville
33 Kevin Cohen conseiller municipal ville de Romainville
34 Aïcha Condé maquilleuse professionnelle
35 Diatou Correa conseillère numérique
36 Françoise Craig enseignante retraitée, administratrice du GAMS
37 Aminata Dango présidente de l'association Djamma-djigui
38 Madeline Da Silva adjointe au Maire des Lilas, égalité femmes/hommes et lutte contre les violences sexistes et sexuelles
39 Sofia Dauvergne adjointe au maire de Romainville, déléguée à l'action sociale, santé, solidarités, retraités
40 Véronique Dauvergne adjointe au Maire d'Aubervillliers, en charge de la santé 
41 Nathalie de Breteuil responsable du Magazine Amina
42 Typhaine D. artiste féministe
43 François Dechy maire de Romainville
44 Kadie Delaruelle Bah enseignante
45 Manon Descamps cheffe de projet Ile-de-France de la Fédération nationale GAMS
46 Kadiatou Diaby présidente de l'association Nfasotilo
47 Aboussatou Diane fondatrice de l'association Prettywoo
48 Aissatou Diallo actrice, aide-soignante, et militante
49 Fatoumata Diallo Sang pour sang Asbl (Lutte contre la Drépanocytose)
50 Hassanatou Diallo association Espoirs et combats de femmes
51 Marlyatou Diallo association Espoirs et combats de femmes
52 Thierno Diallo président de l'association DialoguesF
53 Founé Diarra entrepreneuse, artiste plurielle, présentatrice TV et chanteuse lyrique
54 Sitan Diarra Minté responsable de formation
55 Aminata Diop médiatrice
56 Mirabelle Detoeuf médecin gynécologue médicale
57 Founé Doukoure association Espoirs et combats de femmes
58 Richard Epesse artiste, musicien #ManStopMan
59 Sokhna Fall coordinatrice de l'association Femmes Entraide & Autonomie
60 Jacques Fauché référent Place Publique Paris
61 Noëlle Fabre retraitée de l'édition
62 Nafissatou Fall présidente GAMS Normandie, administratrice, pionnière de la Fédération nationale GAMS
63 Cheikh Faye éducateur spécialisé
64 Ndaté Faye assistante éducative
65 Odile Fillod  chercheuse, militante antisexiste
66 Pierre Foldes chirurgien-urologue, président et cofondateur de l'Institut Corps et Âme
67 Nadia Foucan cheffe d'entreprise "Actif horizon"
68 Théa Fourdrinier référente Place Publique Jeunes Paris
69 Arnaud Gallais président et co-fondateur de l'association Mouv’Enfants
70 Willy Gibert directeur du CIDFF de Loire-Atlantique
71 Stéphanie Gillette éducatrice spécialisée
72 Isabelle Gillette-Faye directrice générale de la Fédération GAMS
73 Jocelyne Goma présidente AFC New Experience #Association des Femmes Chrétiennes
74 Daouda Gory conseiller territorial et municipal 
75 Marie Greze directrice d'école
76 Aïssatou Groeninck présidente de l'association Droits et Libertés des Femmes
77 Nadege Guillard psychologue et militante
78 Louis Guinamard journaliste et militant
79 Michel Hadji-Gavril élu municipal de la mairie d'Aubervilliers
80 Hadja Idrissa présidente fondatrice du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée
81 Marie-Claire Kakpotia  fondatrice de l'ONG Les Orchidées Rouges
82 Hatouma Kanté secrétaire-médicale
83 Fily Keïta-Gassama conseillère  municipale Champigny-sur-Marne
84 Khady Koïta auteure, présidente-fondatrice La Palabre, pionnière de la Fédération nationale GAMS
85 Sihem Habchi fémininiste, membre du Prix Simone de Beauvoir, directrice d'hébergement d'urgence
86 Rana Hamra directrice exécutive, Humanity Diaspo
87 Ghada Hatem-Gantzer gynécologue-obstétricienne et fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis
88 Elsa Hasan association Espoirs et combats de femmes
89 Ramata Kapo présidente de l'association Excision, Parlons-en!
90 Nicole Kiil-Nielsen ex. eurodéputée 
91 Ali Kissi elue Romainville Avenir
92 Pascale Labbe conseillère départementale du Déparement de la Seine-Saint-Denis
93 Elga Lalanne formatrice en langues étrangères, administratrice de la Fédération nationale GAMS
94 Ahmed Laouedj sénateur de la Seine-Saint-Denis
95 Wassila Lataief avocate et militante
96 Guy Lavocat député européen
97 Coralie Lefebvre conseillère municipale Ville de Romainville
98 Pauline Lelli  enseignante
99 Josselin Léon délégué général de AMREF Health Africa France
100 Franck Le Roy conseiller municipal Aubervilliers 
101 Fabienne Linard directrice du CIDFF de la Vendée
102 Dominique Louboutin sage-femme, administratrice et membre du bureau exécutif de la Fédération nationale GAMS
103 Anne-Cécile Mailfert présidente de la Fondation des Femmes
104 Pathiou  Marna association Espoirs et combats de femmes
105 Marie Martias Paroles de femmes -Slam et poésie au féminin
106 Frédérique Martz  présidente du réseau Women Safe & Children
107 Danielle Merian avocate, présidente de l'association SOS Africaines en Danger
108 Inna Modja chanteuse, artiste engagée contre les mutilations sexuelles féminines
109 Estelle Moinard directrice du CIDFF du Maine-et-Loire
110 Brigitte Moranne conseillère territorial d'Est-Ensemble
111 Claude Mourne-Jacquot médecin retraité, administratrice de la Fédération nationale GAMS
112 Alissata Ndiaye presidente de la Fédération nationale GAMS
113 Aminata N'Diaye fondatrice So'Parks
114 Léa N'Guessan avocate, barreau de Paris
115 Lennie Nicolet adjoint au maire de Romainville
116 Lady Ngo Mang Epesse chercheur en droits des femmes, personnalité des médias
117 Vân Pham adjointe au Maire de Romainville, déléguée à la culture, aux fêtes et à la vie associative
118 Cécile Philippin autrice, compositrice et réalisatrice
119 Emmanuelle Piet médecin, présidente du CFCV (Collectif féministe contre le viol)
120 Éric Pliez maire du 20e arrondissement de Paris
121 Martine Renard directrice du CIDFF de la Sarthe
122 Cécile Richard  orthophoniste à Lyon
123 Claudie Rifaud  
124 Ernestine Ronai responsable de l’Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes
125 Grégoire Roquette enseignant et militant à Espoirs et combats de femmes
126 Mayane Roquette juriste et directrice du CIDFF de la Mayenne
127 Sylvie Ros-Rouart   adjointe déléguée à la Culture et à l’égalité Femmes/Hommes  à Castelnau-le-lez, Conseillère Métropole, à Montpellier Métropole
128 Sandrine Rousseau députée de la neuvième circonscription de Paris
129 Hakim Saidj adjoint au maire de Romainville
130 Rehema Saindou présidente du Collectif CIDE Océan Indien
131 Florence Sarthou gynécologue retraitée, administratrice de la Fédération nationale GAMS
132 Moïra Sauvage journaliste et militante
133 Marlène Schiappa-Bruguiere ancienne ministre de l'egalité femmes-hommes, autrice, élue de Paris
134 Cédric Schroeder comptable et conseiller municipal d'Aubervilliers 
135 Agnès Setton médecin, militante féministe
136 Diaba Sidibé présidente d'APFEX (association pour les femmes excisées)
137 Fatoumata Sidibe députée honoraire de Belgique et auteure
138 Gregory Sileny analyste politique
139 Olivia Songeons actuaire d’études techniques
140 Dominique Sopo président SOS Racisme
141 Kadiatou Sow militante
142 Pierre Summa pharmacien d'officine, Romainville
143 Fatima Sy association Espoirs et combats de femmes
144 Naky Sy Savane comédienne, directrice de l'Union des Femmes du Monde - GAMS Sud
145 Lucas Taurine référent Place Publique Paris
146 Aïcha Traoré cheffe de service Bâtiment
147 Anita Traoré présidente-fondatrice de l'association Chance et Protection Pour Toutes
148 Michèle Vianès présidente de l'association Regards de Femmes
149 Juliette Vogt féministe et militante contre l'excision
150 Ramy Weber  présidente de l’association Bats l'aile

(Dernière Maj le 02.03.2024)

Nouveaux signataires : 

Anne Brunswic,  bénévole Cimade demande d'asile 93

Luce Sirkis, médecin

(Maj 12/03/2024)


Vous souhaitez signer la tribune ? Vous pouvez adresser un mail à Espoirs et Combats de Femmes  info_ecf@yahoo.fr :  Je signe la tribune "Non à la médicalisation de l'excision" - Prénom - Nom -  Fonction. 
Merci à toutes et tous pour votre soutien et votre mobilisation !